5000 meurtres de femmes sont recensés dans le monde chaque année au nom de la protection de l'”honneur” de la famille. Le crime d’honneur est une tradition particulièrement répandue dans les sociétés patriarcales du Moyen-Orient, mais également en Inde, au Tchad et dans certaines régions d’Amérique Latine.
Il s’agit d’une coutume cruelle légitimant l’assassinat d’une femme ou jeune fille accusée d’avoir porté atteinte à l’honneur de la famille en ayant commis un acte « contraire à la bonne morale ». Est considéré comme tel le simple fait d’avoir parlé a un voisin de l’autre sexe, d’avoir porté une tenue vestimentaire jugée indécente, d’avoir refusé un mariage arrangé, d’avoir divorcé d’un mari violent. L’existence d’un quelconque doute sur la virginité de la fille justifie l’assassinat, alors que les autopsies pratiquées sur la majorité des jeunes filles trouvées mortes révèlent qu’elles étaient encore vierges.
Ainsi, sur la base de simples allégations et au nom de la protection de l’ « honneur » de la famille, des femmes et jeunes filles sont assassinées, brulées, enterrées vivantes, étranglées, poignardées, lapidées, tuées par balles.
Les législations doivent se montrer plus fermes a l’égard de cette pratique : en comparaison à d’autres homicides, des sentences extrêmement indulgentes sont délivrées lorsqu’il s’agit de crimes d’honneur, et les auteurs bénéficient parfois même d’un acquittement. Cette indulgence est intolérable. Depuis quelques temps, des améliorations ont cependant été remarquées.
v Le Liban a supprimé de son Code pénal la réduction des peines pour les crimes « d’honneur » en 1999, mais l’article 252 permet toujours de commuer une peine si le coupable a commis le délit sous le coup d’une violente colère due à un « acte injuste et dangereux » de la victime.
v En Syrie, l’article 548 du Code Pénal prévoyait une exemption de peine pour :
– « Celui qui découvre sa femme, ou une de ses ascendantes, descendantes ou sœurs commettant l’adultère (flagrant délit) ou des relations sexuelles illégitimes avec autrui et qui tue ou blesse l’un d’entre eux. »
– « Celui qui découvre sa femme, ou une de ses ascendantes, descendantes ou sœurs dans une situation suspecte (attitude équivoque) avec autrui et qui tue ou blesse l’un d’entre eux».
Un amendement voté en 2009, a permis d’imposer une peine de deux ans minimum pour les crimes d’honneur, mettant fin à l’exemption de peine. En janvier 2011, l’article 548 a de nouveau été modifié de manière à faire porter ladite peine entre cinq et sept ans, mais les juges ont encore une certaine latitude pour infliger des peines réduites si un crime a été commis avec une intention dite « honorable ».
v En Turquie, le Code pénal de 2005 prévoit désormais impérativement une peine de réclusion à perpétuité pour les auteurs de délits ou de crimes coutumiers (article 82), considérés comme circonstance aggravante. Les circonstances atténuantes pour cause de «provocation» auparavant accordées par les juges ont été supprimées. Malheureusement, des associations turques avancent que ce durcissement législatif pourrait être à l’origine de faux suicides, les familles incitant les filles à se donner la mort pour éviter la prison à leur frère, oncle, cousin.
v En Jordanie, l’article 340a du Code Pénal permet toujours à l’auteur du crime de bénéficier d’une relaxe. Le Parlement a refusé par deux fois de réformer le code pénal pour aggraver les peines encourues par les auteurs de crime d’honneur.
Les crimes commis pour « laver l’honneur » de la famille doivent être assortis d’une sanction permettant de dissuader toute personne de recourir à cette pratique barbare et illégitime. Aucune indulgence ne peut être tolérée à leur égard. Il est impensable que de tels crimes bénéficient de peines d’emprisonnement réduites, tout comme il est impensable qu’ils restent impunis.
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